lundi 6 octobre 2014

Des modèles qui ne font rien.

Elle me trottait dans la tête cette note sur les "modèles" qui "ne font rien".
Parce que c'est trop souvent le discours que l'on entend, que tout le mérite est attribué par défaut au manieur de cordes puisque c'est lui qui "travaille" dans une notion visible du terme.

Et je la trouve injuste, insultante autant qu'ignorante cette remarque persiflante.
Parce que non, le modèle ne fait pas "rien".
Le modèle partage une partie de son intimité, le modèle accepte de lâcher-prise, le modèle fait confiance, le modèle gère la douleur ou l'inconfort, le modèle essaye de faciliter les passages de cordes quand c'est possible, le modèle participe de toute son âme et à la mesure de ses moyens.
Le modèle autant que la soumise BDSM est pro-actif qu'importe que l'illusion d'un regard méconnaissant ne sache le lire.

Personne ne devrait se permettre ce genre de phrase péremptoire comme un jugement de qualité envers tel ou tel autre rôle, en en plaçant l'un au-dessus de l'autre quand les deux sont nécessaires pour exister. Quand ce qui existe dans les cordes ne procède que d'un échange. Et que l'échange n'existe qu'à plusieurs.

Parfois le modèle est d'un niveau exceptionnel et permet des poses qui ne sont pas possibles avec d'autres modèles, mettant en valeur le travail de l'encordeur par sa souplesse et sa résistance.
Parfois, l'attacheur est d'un excellent niveau et permet de sublimer des corps qui n'appartiennent pas aux standards habituels, mettant en valeur ces corps par leur art à manier les cordes.
Mais qu'importe le mérite de l'un ou les aptitudes de l'autre, tout ceci n'existerait pas l'un sans l'autre, sans ce partage de ressources communes, sans l'échange qui connecte et crée l'émotion.

Parce que les cordes parlent de rencontres humaines, elles n'ont pas à subir d'échelle de valeur.