mercredi 15 août 2012

Kinbaku Modèle

Devenir modèle : ça c'est ma question, posée de front dans au moins un report et abordée en suspension dans bien d'autres.
La première phrase de ton texte : "les modèles ne font que copier" ?
Je me sens pas "copier" quoique ce soit et pis même encore aujourd'hui ­ où je suis incapable de compter correctement le nombre de fois où l'on m'a attachée (plus de 10 mais moins de 50...) ce qui laisse penser que j'ai quand même un certain nombre de jeux derrière moi, mais je ne me considère pas comme "expert". Je continue de me présenter comme une novice au nouveau partenaire potentiel.
Et je ne demande rien que du respect de la part d'un attacheur avec qui j'expérimente la première fois, tout comme je lui en donne. Donc manifestement, je n'entre dans la définition ci­-dessus donc je ne suis pas un modèle. ­ Remarque je m'en doutais et j'aurais pas idée de me présenter en tant que tel de toute façon, ni maintenant, ni jamais.

[...]

"Je suis toujours surpris de voir des personnes avoir la possibilité de pouvoir enchainer les jeux de corde, passer d’un attacheur à un autre."
 Oh, celle-­là, je la prends pour moi et je la mets à côté de celle d'A.S.
"Alors, t'as eu ta dose de cordes ?".
 Et je ne répondrais qu'une chose à cela :
« Experience is not what happens to you; it's what you do with what happens to you.» ­ [Aldous Huxley]
Et toi qui lit mes reports depuis maintenant plus d'un an, tu sais bien ce que je fais de ce qui m'arrive, tu sais combien justement, je mets les choses en perspective en rebondissant sur la globalité.
Reste que ma propre capacité à m'investir plus ou moins dans un jeu de cordes ne regarde que moi et l'attacheur. Il ne me semble pas avoir jamais manqué de respect à l'un d'entre vous, j'ai toujours donné à la mesure de ce que je recevais, portant mon attention sur les cordes et leur manieur pour répondre aux attentes et essayer d'anticiper les mouvements.
Après, qu'importe que j'en sois à 2 ou à 200 jeux de cordes, ça ne regarde que moi si chaque fois, je donne le respect que je dois à celui qui me donne de son temps et ses cordes.

Maintenant que j'y regarde de plus près ce qui me fait réagir de manière si épidermique sur cette phrase c'est le terme "enchaîner" et "passer", ça a quelque chose d'un jugement péjoratif. La passe c'est le vocabulaire spécifique pour la prostituée, la femme légère par excellence de l'imaginaire collectif.
Si c'était Fab qui m'avait dit cette phrase, je lui aurais répondu que "oui" et que heureusement, justement que j'étais capable de faire assez abstraction de moi-­même, de mon corps, de mes perceptions parce que c'est sans doute ce qui a sauvé le peu de salubrité mentale que je possède. Cependant, tu n'es pas Fab, tu ne connais pas cette tranche de vie.
Alors disons simplement, que même si j'adhère facilement par respect et par soumission envers mon partenaire à certains concept d'exclusivité, c'est quelque chose qui m'apparaît plus tenir de l'ordre de la conviction intime ­ teinté d'interdit chrétien ­ et rien ne m'oblige à y adhérer intimement.
Et de mon propre point de vue, la fidélité tient plus à la droiture d'une attitude, au respect d'un contrat moral entre deux personnes qu'à une certaine exclusivité physique.

 Et j'en reviens au début de mon paragraphe qu'importe de "passer" de l'un à l'autre si la démarche est sincèrement et respectueusement authentique à la mesure de ce qui existe entre les deux partenaires. Que tout le monde n'en soit pas capable, ne démontre pas que certains ne le soient pas.
Certains savent plus facilement s'isoler, se recentrer sur une situation, et j'avoue humblement que je pense que mes explorations personnelles sur les états modifiées de conscience m'ont données une capacité d'induction peu courante.
 Reste à la limite que si je serais prête à concéder que le modèle copie l'attacheur, ça serait justement dans ce domaine, qui êtes-­vous pour nous cingler de remarques désobligeantes sur le nombre de nos jeux de cordes quand vous­-même attachez presque à la tâche.
 D'ailleurs, tu fais le rapprochement toi-­même.

[...]

Et pour en terminer avec cette interminable réponse, ta dernière phrase en gras :
  " Il n’y a pas de chemin plus difficile pour l’attacheur que de porter quelqu’un a ce niveau. Il n’y a pas de responsabilité plus grande que d’accepter cette offrande."
 C'est quelque chose sur lequel il va falloir que je travaille. L'acceptation ça reste central. Accepter c'est se dire oui, suis­-je capable de m'aimer assez pour me dire "oui"...

Extraits de correspondance.