jeudi 24 juillet 2014

Plérin #2, RopeFest

Là encore FB a frappé, gardant souvenirs et photos pour lui.

Tout commence en juin, quand elle demande à  m'appeler pour un nouveau projet fou, elle me propose d'aller à Saint-Pétersbourg au RopeFest, revoir toutes les têtes russes rencontrées à Moscou.
J'étais déjà bienheureuse de tout ce que nous avions accompli ensemble et je suis touchée qu'elle souhaite continuer l'aventure avec moi qui ne suis ni vraiment souple, ni vraiment svelte, ni vraiment endurante.

Les agendas se sortent, il s'agit de se voir une fois par mois d'ici novembre.
Novembre ? redis moi les dates du festival ? avec le pont du 11 novembre, en profiter  pour rester en Russie ?... Je demande un délai de réponse, j'ai toujours fait mon anniversaire avec les enfants, je dois en parler avec eux. Et c'est bizarre aussi de se dire qu'on sera au plus loin de tout pour son anniversaire.
Je l'ai rappelé quelques jours après, parce que justement faire son anniversaire à Saint-Pétersboug, parce que elle aussi, elle en fait des anniversaires sans la famille, parce que la Russie lui fait se sentir comme chez elle, parce que j'avais envie de ces moments-là aussi.

Finalement, nous nous rejoignons dans le courant de l'été en son fief breton, elle m'invite avec toute la famille, parce que son cœur n'a pas de limite.
Elle donnera même sa chambre aux enfants pour plus de confort.

Le premier jour, elle nous laisse nous poser et nous emmène à la plage dans son magnifique cabriolet blanc (la Mila-mobile n'aura pas survécu beaucoup plus loin que l'Allemagne ce qui était déjà honorable vu son grand âge).
Grand plaisir à revoir des lieux familiers, ça laisse prendre des repères, ça pose calmement.

Le deuxième jour, on commence notre programme traditionnel : entraînement le matin et sortie l'après-midi.
L'entraînement consiste surtout à mettre en place un enchaînement que je sois capable de supporter et qui soit satisfaisant pour elle dans la technicité.
D'emblée, il est question de 3 figures minimum, une inversée au moins et un changement de point de suspension en jouant avec 2 points.
Pour le reste, elle veut voir avec moi, certaines figures.
Elle essaye un futomomo, j'apprécie combien elle prend soin de me basculer délicatement, elle entoure mon dos de sa prévenance. Finalement, elle me lâche, la corde se met en place sur le haut de la cuisse, glisse sous mon propre poids, se cale et mort dans la chair. J'anticipe le même effort pendant une prestation où elle enchaîne rapidement et sans ménagement pour suivre les impératifs temporels et je sais que je ne m'en sens pas capable.
Elle me redresse, on parle un peu de la situation, je lui explique mon ressenti. Elle trouve mon endurance trop frêle pour s'entraîner sur un enchaînement à mes limites ; ne pas refaire l'erreur de Moscou et choisir la bonne chorégraphie, de suite.
Elle propose un nouveau programme, que nous mettons en application dans la foulée.
Les choses passent mieux pour moi, je suis surprise de la façon dont elle ménage mon dos quand elle me remonte en ventrale, j'aime qu'elle connaisse mes faiblesses spontanément et qu'elle les ménage.
Elle est satisfaite de l'enchaînement, ne reste qu'à trouver la mise en scène et à peaufiner les passages de cordes.
Nous profitons de l'après-midi pour une petite visite de lieux typiques bretons. Je connais déjà ces lieux et je partage son plaisir de les faire découvrir en l'écoutant commenter avec ce que nous avions appris de notre visite précédente.

Le troisième jour.
Matin, session d'entraînement.
Elle refait grossièrement les mêmes figures que la veille mais toujours en ajoutant un élément, en modifiant un détail pour gagner en efficacité ou en esthétique. Elle commence déjà à gagner du temps sur le programme pour la mise en scène.
Elle change la façon d'utiliser ses deux points de suspension et ce sera un long débat entre l'esthétique et la technique pour choisir la solution à adopter.
Sur demande générale, nous retournons à la plage, profiter du soleil.
Elle m'explique la mise en scène qu'elle nous prépare et termine sa play-list, les répétitions avancent à grand pas.

Le quatrième jour.
Entraînement le matin, elle continue d'adapter son jeu de cordes à l'enchaînement et d'essayer de gagner en efficacité sur l'exercice.
Dès que le TK est en place, elle m'attache à l'un des points de suspension pour que je gagne en stabilité pendant qu'elle termine les jambes et divers petits détails de ce genre.

Les choses se passent remarquablement bien, elle termine dans les temps. Nous tenons notre enchaînement et nous savons que ça tient dans les délais.
Soulagement du devoir accompli.

Un petit détour à la plage pour fêter cela. Jouer à s'enterrer dans le sable pour éviter le vent, respirer l'air de la mer, jouer avec les vagues, se reposer à l'écoute du roulis.

Le cinquième jour.
Il est déjà temps de repartir, nous sommes heureuses du résultat et je suis heureuse qu'elle ait pris le temps de découvrir ma famille et de leur faire découvrir ce que je faisais sans eux quand j'étais avec elle.
J'apprécie qu'elle m'accepte dans toute mon entièreté y compris avec eux. Comme je suis heureuse qu'ils la découvrent et la voit avec les mêmes yeux que moi.
Un drôle de parenthèse en forme de vacances, une petite pause où le temps laisse le loisir de s'apprivoiser, de se découvrir et de partager au-delà des cordes.

Ambiance du séjour.
Crédits : Cordes par Ludmila Mestresa/Ropes - Photo par Fab Crobard