samedi 26 mars 2011

FIP 44

Bizarre de faire une FIP et de ne pas avoir de report à t'envoyer.
Faut dire que ton absence y est sans doute pour quelque chose.
Et puis tellement de choses ont évoluées depuis cette première soirée, il y a presque un an où j'ai croisé tes cordes. Novice que j'étais à n'avoir approché que 2 encordeurs.

Mais depuis Fab s'est - enfin - mis aux cordes de manière assez concerné pour espérer que cela soit durable.
C'est encore une autre approche des cordes, d'abord parce que je lui apprends presque autant qu'il ne m'apprend.
La méticulosité du débutant empêche toute option de dérive au moins pour la mise en place des cordes. A l'inverse, je suis plutôt requise pour donner des impressions sur le positionnement des cordes ou leur tension. ça amène un détachement un peu clinique sur la chose, du moins ça détache de l'aspect affect et forcément ça permet une perspective nouvelle sur les passages de cordes, je reconnais les figures, j'anticipe les mouvements, ça me fait même sourire intérieurement de lire si bien l'écriture de l'encordeur moi qui était tellement ignorante il y a si peu.
Cette lecture des cordes m'amène logiquement à des options de "libération" qui ne s'étaient jamais vraiment présentée avant et m'offre une perspective sur le "bondage moderne" que je n'arrivais pas vraiment à saisir avant. C'est intéressant et différent.
Même si rien ne remplace le bercement instantané que génère celui qui Sait parfaitement où placer ses cordes.

D'un autre côté, j'ai finalement assouvie cette boulimie de rencontre en cordes.
Assimilée la réalité de l'homme derrière ses cordes et assouvie cette faim, je suis moins dans l'urgence et le rationnel reprend le pilotage - pour les cordes du moins.
J'arrive à dire non sans avoir l'impression de me priver d'une occasion inespérée.

Une drôle de soirée que celle d'hier qui commence avec de la pluie dans la salle - verrière fendue - et un A.S. qui arrive trempé et s'ébroue sur moi.
Et tout compte fait c'était bien l'ambiance de la nuit : moite, quelque part.

Mais il y a des soirées qui commencent typiquement avec ce sentiment de dérapage contrôlé et celle-là commençait comme ça. Un état d'esprit qui se conforme avant.
Remarque c'est très nouveau pour moi, avant ce genre de chose se passaient dans le brouillard de l'alcool avec l'excuse facile qu'il génère, aujourd'hui il y a ce sentiment de prise en main qui est très libérateur quelque part.
C'est étrange mais c'est bien la première fois que je ne regrette pas ce choix d'abstinence. Mais, je dérape.

Les cordes donc. A.S. n'avait pas pu venir avec la modèle qu'il souhaitait mais N. est arrivée en roucoulant qu'elle s'était entraînée avec toi et un autre et qu'elle était prête pour ses cordes.
Là, déjà d'emblée, ça part plutôt mal et je me dis qu'il vaut mieux anticiper.
Et comme maintenant, mon partenaire a le bon goût d'être encordeur, ça facilite les choses.
On profite du coin que s'est installé A.S., autant que des cordes à disposition et de ses conseils - pour Fab, sur la façon de tendre la corde en la tenant ou la manière de "perdre l'observateur" dans les passages de cordes.
Et là, encore j'apprends d'un angle bien plus pratique que jamais mais avec la sensation que cela m'apporte un œil extérieur et détaché que je n'aurais jamais pris seule.
Il y a ces échanges qui disaient que finalement à force de fréquenter les cordes, on finit par les manipuler.
Il y a ces modèles shibari que je connais et qui finalement manipulent les cordes au point d'intervenir dans la mise en place des nœuds sur elles-même par un autre.
Et il y a ces nœuds que je défais moi-même ou ces cordes que je range.
Il y a ces passages de cordes que je comprends et il y a ces images de cordes en moi qui n'y étaient pas avant.
C'est étrange et déroutant, encore une autre perspective et une que je n'avais pas vraiment choisi d'aborder, elle s'est plus imposée, peut-être par les circonstances.

Et je me dis que les cordes c'est sans doute comme le fouet, faut en connaître les 2 côtés pour pouvoir y jouer en pleine connaissance de cause.
Et ça change mon approche autant que mon œil sur les encordeurs.
Je ne connais pas le chemin des cordes, il me semblait facile et sans conséquence, il y a un peu plus d'un an de cela.
J'y place maintenant des implications plus grandes et un sens plus lourd, bien ou mal, ça correspond mieux à ce que je suis.
Les choses ont un sens, le hasard n'existe pas.
Et je sais que ce chemin s'est grandement parcouru "à tes côtés" d'une certaine façon, donc merci.