Quand à l'auto-bondage, c'est amusant de te lire formuler mon
principal obstacle.
Eh oui, comment me laisser dériver dans des nœuds
que je dois moi-même mettre en place et surtout comment me surveiller
moi-même tout en dérivant... Vaste débat.
Cependant, j'ai du mal m'exprimer.
J'ai bien conscience que je ne
retrouverais pas les mêmes sensations - et même cruellement conscience
pour être honnête.
Mais j'ai Besoin d'expérimenter les cordes, j'ai
Besoin d'éprouver les cordes, mais vraiment Besoin, quelque chose de
profondément viscéral et de particulièrement nouveau pour moi.
A la vérité, je ne me suis jamais considérée comme une fétichiste.
J'aime le touché du latex autant dedans que dehors, j'aime sa façon de
sculpter les formes mais je n'aime pas avoir à me tortiller pour y
entrer, je n'aime pas être toute moite quand je le retire, je ne
trouve pas son odeur particulièrement déplaisante ni même plaisante et
du coup, ça me viendra pas à l'idée d'en mettre "juste comme ça". Juste parce que j'aime bien le latex mais je ne suis pas fétichiste.
Mais à force de trainer avec des fétichistes, on se renseigner, on
écoute, on échange, on apprend et finalement, j'en étais arrivé à la
conclusion que je n'étais pas de nature fétichiste. Et c'est pas
grave, j'ai bien d'autres vices.
Et puis le bondage - avec des cordes - est entré dans ma vie "en
vrai".
Et j'ai déjà un affect particulier au chanvre en plus dont il
serait naïf de ne pas tenir compte.
La toute première fois que j'ai porté des cordes, elles n'étaient pas
en chanvre. Et quelque part, je pense que c'est une chance qu'A.MoR. travaille la corde de sa façon toute personnelle parce que justement
on était très loin du shibari. Et que ça m'aurait donné trop
d'informations pour une première fois.
Ensuite, il y a eu la soirée avec A.S. qui m'a fait "survolé" les
options des cordes en seule nuit avec des cordes de chanvre. Première
étape.
Et enfin, ta façon de poser comme une sorte de cocon sur moi.
Toutes ces étapes m'ont aidée à progresser dans la vision de ma
relation aux cordes, chaque nouveau jeu de corde est une manière
d'apprendre sur moi.
Et finalement, Fab a préparé ces propres cordes et c'est là que c'est posé l'évidence.
J'aime le contact, j'aime la douceur d'une corde bien préparée ou
beaucoup utilisée, comme j'aime aussi la corde moins préparée avec
encore quelques fibres accrochées dessus mais surtout j'aime l'odeur.
Et si ça c'est pas typiquement du fétichiste, je veux bien être pendue
- avec une corde en chanvre ;-) - sur le champs.
Et quand je dis "j'aime", je veux dire que la façon dont cette odeur
me tourne la tête est tout sauf innocente.
Et c'est pour cela que j'ai Besoin de m'éprouver dans les cordes,
Besoin de poursuivre ma recherche dans cette direction pour finir de
démêler les nœuds quelque part.
Et si l'auto-bondage ne me permettra jamais d'atteindre ce
"légendaire" lâché-prise, cela serait une sorte de substitut pour
assouvir ce Besoin.
De toute façon quand Fab me passe ses nœuds, je ne suis pas beaucoup
plus libre. Il commence, il faut encore guider ses passages de cordes,
signaler une mise en place trop serrée, enfin bref, se surveiller pour
l'aider et donc "ne pas vraiment profiter".
Mais cela fait parti du
jeu et c'est une autre approche des cordes où j'apprends les passages
de nœuds et où l'intimité me permet de passer mes mains sur les
cordes - quand elles ne sont pas immobilisées - pour sentir les nœuds sur moi
- action de la plus haute impudeur vue d'une certaine façon pour moi
du moins.
Et puis, ça n'est qu'une vague idée face à un Besoin qui me tourne la
tête, je me dis que c'est toujours mieux d'apprendre les nœuds que de
sniffer les cordes, non ? :o)
[...]
J'ai "besoin" de ces images vidéos/fixes, je décroche vraiment très
rapidement dans les cordes et si je n'ai pas ces images, quelque part,
je ne sais pas ce qu'il s'est passé.
Et j'ai l'impression que cela
n'est pas très respectueux pour l'autre d'avoir si peu conscience de
son travail et aussi, égoïstement, j'ai l'impression de "rater" une
partie du truc.
Et pour aller au bout de l'aveu, sans les photos, je
n'aurais jamais su quel regard tu posais parfois sur moi en passant
tes cordes et c'est un précieux réconfort que de connaître ce regard.
Extrait de correspondance.