lundi 9 août 2010

Toute première fois avec Master Of Rings

Je sais que tout a recommencé le 24-07, c’est idiot mais le symbole du chiffre de la date était trop fort pour que j’oublie jamais cette date. Il ne s’agit plus de jeux mais d’engagements plus définitifs, plus précis certes mais plus exigeants de ce que je suis. Une fusion consentie en fait, c’est bien on reste dans le RACK, c’est essentiel à mon fonctionnement intrinsèque mais c’est déroutant quand on a admit que l’étape fusionnelle du couple correspondait à son immaturité.
Quelque part, je m’étais engagée sur un autre chemin, que je m’étais presque construit “seule” et c’est à l’orée de ce chemin que les pas se sont arrêtés. La mécanique s’est comme grippée sur sa dernière idée et le temps est entrée en sommeil. Et voilà que le sablier recommence de couler et je dois retrouver mes marques sur un chemin dans lequel on m’a littéralement télé-transportée. Je dois mesurer où j’arrive à me situer, trouver ma place et la satisfaction liée - sinon à quoi bon - c’est étrange et étranger.
Maintenant, le chemin serpente seul sous mes pas et j’avance tirée par lui dans une confiance que je sais relative et fragile.Il y a dix milles sujets sur les quels j’aimerais laisser couler les mots pour suivre le trottinement des idées mais l’heure n’est pas à cela.

Ce soir, je veux essayer de retranscrire au plus fidèlement une expérience qui a déjà 24 heures d’effacement mémoriel parce que je sais combien le temps efface le rendu qu’on voudrait donner au souvenir. Trop d’instants non écrits restent prisonniers de mon esprit en images que j’ai appris qu’il fallait les mettre en mots au plus tôt ou jamais.

Certains choix de vie rendent certaines choses inévitables, elles deviennent une évidence qui s’impose à un moment du parcours. C’est le cas du bondage et des jeux de cordes, que mon play-partenaire ne tienne pas à se lancer dans ce genre de pratique, est loin d’être un rempart à l’opportunité de me livrer à des jeux de suspension et de liens. D’autant que je connais par avance mon goût pour la suspension, expérimentée en d’autres circonstances avec des chaînes.

Mais je suis une romantique, j’aimerais que la vie place des signaux ou des feux d’artifice sur les beaux moments de nos vies. Alors j’espère toujours qu’un événement exceptionnel - de mon point de vue - soit jalonné d’énormes indices du destin pour présager de sa venue. En vrai, c’est pas du tout comme ça, ça vous tombe dessus comme ça, le temps n’a même pas un hoquet pour vous/nous laisser reprendre notre respiration et retourner dans la grande ritournelle du quotidien.
Et c’est comme ça que c’est arrivé, sans même un spasme du temps.
Un enchaînement de flash d’images mixées trop vite, de la purée de pixels, dirait un certain condisciple. Une purée de pixels que j’aimerais étaler en mots pour lui donner une sorte de réalité.

Une vague allusion, à un moment, à laquelle je ne suis même pas certaine d’avoir réagi mais le corps parle souvent plus que la bouche. Un lieu gigantesque et abandonné, l’émotion de la découverte de ces grands couloirs vides et lourds d’histoires, le chatoiement des tags qui se succèdent au grès des pièces, le bruit du verre cassé qui crisse sous les pas, les exclamations du groupe. Une pose en saran wrap - oui c’est “snob” mais j’aime mieux le terme anglophone - un moment de grâce où l’esprit perd pied et ne sait plus situer son haut de son bas. J’adore ses moments de flottement où même le corps semble perdre ses propres repères. Transgression, la première fois que j’ai ressenti cela c’était en plongée sous-marine, une petite narcose. Bref, un retour à la normalité difficile, une sorte d'atterrissage forcé, d’un coup c’est cut, tout s’arrête.

Un flottement, il est question de photo collective avec change de vêtement et vaguement question de suspension aussi. Le flottement s’éternise. Quand une corde bleue électrique s’agite assez dans ma vision périphérique pour me faire tourner la tête, la question est directe : “ on y va ?”. Je sais que je jette un regard un peu perdu à qui de droit pour y guetter l’assentiment qui m’autorise ce genre de chose. J’aime ces micro-fragments de panique qui m’attache à Lui quand les autres me demandent quelque chose que j’ai renoncé à choisir seule.
Me voilà dans le couloir, “mets-toi en string”, ferme, simple et bref, j’obéis sans même en avoir vraiment conscience. L’esprit s’applique à rendre chaque geste efficace et rapide. Moment glaçant quand il s’agit d’ôter mon collier, comme quoi la nudité ne tient à rien parfois. Mais je retrouve rapidement un élément familier quand mon buste est wrapé dans du saran qui est ensuite déchiré par endroit. Un nœud bleu électrique passe autour de mon cou, troublant de recevoir une sorte “d’autre” collier, une idée qui frôle l’esprit pour s’envoler aussitôt. S’appliquer à obéir, rester docile, chercher à faciliter la tâche, ne pas gêner en quelque sorte - une idée à développer par la suite pour moi-même. Les nœuds se nouent, je sens leurs rondeurs, surtout sur mes clavicules, ils tissent une sorte de toile/filet géant qui me maintient du pubis aux épaules. On entend le frottement de la corde, c’est sensuel comme bruissement, le bruit plus que le contact, en fait. Le contact est plus rude, présent et trop impérieux pour avoir la nonchalance de la sensualité. Un échafaudage de débris du lieu se construit à mes pieds, j’y prends place, quelques nœuds et quelques bruissements continuent de me bercer dans une sorte de routine réconfortante.
Et d’un seul coup, un geste précis et ferme me bascule en avant pendant que des mains manifestement expertes s’appliquent à lier mes chevilles pour avoir le point d’équilibre. Quelques flottements et d’autres ajustements plus loin, me voilà belle et bien en suspension. Une grimace involontaire que je crois imperceptible quand le nœud fait plisser ma peau sur ma clavicule droite qui entraîne une réaction immédiate dont je ne doutais pas mais qu’il est rassurant de constater.
Les flashes crépitent mais je ne sais pas bien comment ou quand ils sont arrivés là. Un flottement et des mains m’empoignent pour que je bascule, de nouveaux les flashes, I. qui s’amuse avec moi, des éclats de rire, une fessée sonore. Des bras sous moi, et me voilà rendue à la pesanteur. Les nœuds se dénouent à une vitesse effarante et c’est à la réalité que je suis rendue cette fois.
Photo et cordes : Master Of Rings

Minute d’introspection : je savais que j’aimerais ce genre de suspension alors je ne suis pas étonnée d’avoir aimé. Par contre je suis étonnée de ce que j’ai aimé. A savoir pas la suspension en elle-même, c’est un état intéressant certes qui mériterait sans doute plus d’exploration à titre personnel mais Le Moment qui cristallise mon souvenir et dont je sais intrinsèquement qu’il est celui que je rechercherais par la suite, c’est le “lâché”, la “bascule”. La microseconde où l’on ressent à quel point l’autre nous tient en son pouvoir.
Et basiquement, c’est fou toutes les questions que cette mini-expérience génèrent en moi sur les jeux de cordes.

Ecrit en vrac à la va-vite.