Bizarre de faire une FIP et de ne pas avoir de report à t'envoyer.
Faut dire que ton absence y est sans doute pour quelque chose.
Et puis
tellement de choses ont évoluées depuis cette première soirée, il y a
presque un an où j'ai croisé tes cordes. Novice que j'étais à n'avoir
approché que 2 encordeurs.
Mais depuis Fab s'est - enfin - mis aux cordes de manière assez
concerné pour espérer que cela soit durable.
C'est encore une autre
approche des cordes, d'abord parce que je lui apprends presque autant
qu'il ne m'apprend.
La méticulosité du débutant empêche toute option de dérive au moins
pour la mise en place des cordes. A l'inverse, je suis plutôt requise
pour donner des impressions sur le positionnement des cordes ou leur
tension. ça amène un détachement un peu clinique sur la chose, du
moins ça détache de l'aspect affect et forcément ça permet une
perspective nouvelle sur les passages de cordes, je reconnais les
figures, j'anticipe les mouvements, ça me fait même sourire
intérieurement de lire si bien l'écriture de l'encordeur moi qui était
tellement ignorante il y a si peu.
Cette lecture des cordes m'amène
logiquement à des options de "libération" qui ne s'étaient jamais
vraiment présentée avant et m'offre une perspective sur le "bondage moderne" que je n'arrivais pas vraiment à saisir avant. C'est
intéressant et différent.
Même si rien ne remplace le bercement instantané que génère celui qui
Sait parfaitement où placer ses cordes.
D'un autre côté, j'ai finalement assouvie cette boulimie de rencontre
en cordes.
Assimilée la réalité de l'homme derrière ses cordes et
assouvie cette faim, je suis moins dans l'urgence et le rationnel
reprend le pilotage - pour les cordes du moins.
J'arrive à dire non sans avoir l'impression de me priver d'une
occasion inespérée.
Une drôle de soirée que celle d'hier qui commence avec de la pluie
dans la salle - verrière fendue - et un A.S. qui arrive trempé et
s'ébroue sur moi.
Et tout compte fait c'était bien l'ambiance de la
nuit : moite, quelque part.
Mais il y a des soirées qui commencent typiquement avec ce sentiment
de dérapage contrôlé et celle-là commençait comme ça. Un état d'esprit
qui se conforme avant.
Remarque c'est très nouveau pour moi, avant ce
genre de chose se passaient dans le brouillard de l'alcool avec
l'excuse facile qu'il génère, aujourd'hui il y a ce sentiment de prise
en main qui est très libérateur quelque part.
C'est étrange mais c'est
bien la première fois que je ne regrette pas ce choix d'abstinence.
Mais, je dérape.
Les cordes donc.
A.S. n'avait pas pu venir avec la modèle qu'il souhaitait mais
N. est arrivée en roucoulant qu'elle s'était entraînée avec toi et
un autre et qu'elle était prête pour ses cordes.
Là, déjà d'emblée, ça
part plutôt mal et je me dis qu'il vaut mieux anticiper.
Et comme
maintenant, mon partenaire a le bon goût d'être encordeur, ça facilite
les choses.
On profite du coin que s'est installé A.S., autant que
des cordes à disposition et de ses conseils - pour Fab, sur la façon
de tendre la corde en la tenant ou la manière de "perdre
l'observateur" dans les passages de cordes.
Et là, encore j'apprends
d'un angle bien plus pratique que jamais mais avec la sensation que
cela m'apporte un œil extérieur et détaché que je n'aurais jamais
pris seule.
Il y a ces échanges qui disaient que finalement à force de fréquenter
les cordes, on finit par les manipuler.
Il y a ces modèles shibari que
je connais et qui finalement manipulent les cordes au point
d'intervenir dans la mise en place des nœuds sur elles-même par un
autre.
Et il y a ces nœuds que je défais moi-même ou ces cordes que je
range.
Il y a ces passages de cordes que je comprends et il y a ces
images de cordes en moi qui n'y étaient pas avant.
C'est étrange et
déroutant, encore une autre perspective et une que je n'avais pas
vraiment choisi d'aborder, elle s'est plus imposée, peut-être par les
circonstances.
Et je me dis que les cordes c'est sans doute comme le fouet, faut en
connaître les 2 côtés pour pouvoir y jouer en pleine connaissance de
cause.
Et ça change mon approche autant que mon œil sur les
encordeurs.
Je ne connais pas le chemin des cordes, il me semblait facile et sans
conséquence, il y a un peu plus d'un an de cela.
J'y place maintenant
des implications plus grandes et un sens plus lourd, bien ou mal, ça
correspond mieux à ce que je suis.
Les choses ont un sens, le hasard
n'existe pas.
Et je sais que ce chemin s'est grandement parcouru "à tes côtés" d'une
certaine façon, donc merci.